N°8
buenos aires
a mon cher neveu eugene au 103 é regiment d artillerie secteur 102
depuis ta lettre datee du 14 janvier et recu le 16 fevrier je n ai plus tes nouvelles directes j ai su par francois qui ma ecrit posterieurement que tu etais toujours en bonne sante tu me disais dans ta lettre que francois est plus expose que toi et quand tu m ecrivais cela la grande attaque contre verdun n etais pas commencee mais depuis je ne lis pas sans fremir les telegrammes nous apportant les details des horribles carnages des violents bombardements qui bouleversent tout fort abris et tranchees dans toutes la region de verdun et parmi les endroits cites un nom me frappe tout particulierement les bois bourrus parage ou je sais que se trouve notre cher francois c est comme pour toi quand tu etais a notre dame de lorette pendant la grande affaire autour de cette position je ne donnerai aujourdhui aucun detail sur notre situation ici elle est plus triste que jamais et puis tu avoir assez detes propres peines et ennuis d ailleurs il est presque l heure ou ferme le courrier qui doit partir demain et je veux que la presente te parvienne en meme yemps quecelle que j ecris a francois pourvu que quelque sous marin boche ne torpille pas ce rosarina qui demain matin je serai moins breve dans ma prochaine et j espere alors avoir a repondre a quelques de tes bonnes lettres dans cette attente recois mon cher neveu une embrassade bien cordiale de ton oncle affectueux a molet