Gustave Molet ( frére de ALFREDO BENOIT MOLET né en 1852 )
& Zélie
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N°12
buenos aires 16 decembre 1916
mon cher neveu
je tarde a repondre a tes bonnes et affectueuses lettres je suis tellement pris par les occupations quand mon etat de sante ne moblige pas au repos complet je n ai pas de maladie speciale je suis remis de la grippe et de ses suites qui mavait abattu l hiver passe mais le mauvais sang que je me fais par suite des difficultes sur ma situation actielle a trop influe sur mon etat generale de sante et les effets en ont pires que celui des annees tu mexcuseras donc mon cher eugene si je ne reponds pas a tes lettres avec toutes l exactitude que je desirerais dans la tres bonne photo qui accmopagne ta derniere je vois une douzaine de soldats gaillards la figure epanouie parmi lesquelles je nai pas besoin de tes indications pour te reconnaitre je note que l uniforme n est pas d une rigueur kepis berets bonnets de police bandes molletieres bottes guetres velours toile kaki etc tout cela voisine fraternellement mais qu importe pourvu que le vengeur soit bien servi point et que le colis pour les boches arrive aexacte destination tu me demande mon portrait je n ai sous la main que cette assez mauvaise postale faite il y aune paire d annees je te l envoye en attendant que je repasse sous l objectif pour pouvoir t en envoyer une meilleure tu me demande mon portrait je n ai sous la main que assez mauvaise postale faite il y a une paire d annees je te l envoye en attendant que je repasse sous l objectif pour pouvoir t en envoyer une meilleur heureusement que tu me donnes des nouvelles de francois car le bougre n ecrit pas souvent je suis heureux avec toi qu il soit maintenant un peu abrite marmites boches de ce fait mon inquietude a votre sujet se trouve diminuee les nouvelles qui nous arrivent dela guerre sont un peu surprenantes l allemagne demande ou offre la paix tous les journaux allies russes italiens et francais acceuillent le present avec un sourire sceptique briand dit a la tribune mefiez vous ce bloc en farine ne me dit rien qui vaille je crois que qand tu recevras la presente votre vengeur n aura guere le temps de refuse dis a ce negligent de francois de s armer non de son fusil ni d une pioche mais d une simple plume et de me griffonner une page ou deux qu il me donne s il en a des nouvelles de sa famille il a d ailleurs eu tout le temps de repondre a ma lettre du 28 septembre presente a l occasion mes bons souvenirs a notre cousin nestor et a son aimable famille en attendant avec impatience tes nouvelles me rassurant sur ta sante et me donnant si possible des nouvelles de tes parents recois la cordiale embrassade de ton affectionne amolet p s il y a ce matin dans les journaux un petit telegramme qui nous a fait bien plaisir